Stage de tissage 7 : Musées Roubaisiens

Bonjour et bienvenue dans ce nouvel (et pénultime) opus de mon aventure roubaisienne.

La Villa Cavrois

Roubaix était la ville du textile. Comme on l’a vu plus au dernier épisode, les ouvriers et ouvrières vivaient dans des courées. Et les patrons, qui amassaient tellement de thune et de pouvoir qu’ils étaient souvent maires de la ville, se payaient des maxi baraques.

La villa Cavrois (réalisée par l’architecte Robert Mallet-Stevens pour l’industriel M. Cavrois) se démarque quand même, non pas par son évidente qualité de maxi baraque (parce qu’il y a quand même 2800 m² habitables), mais par son style moderne pour l’époque : bâtie dans les années 30, on penserait à une construction des années 70.

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Toutes les modernités y sont : éclairage électrique indirect, grandes baies vitrées, ascenseur, chauffage central au fioul, volets roulants, prises électriques. Il y avait même le téléphone et la T.S.F. dans toutes les chambres.

Quelques aspects des mœurs de l’époque transparaissent quand même : le château la villa est séparée en 2 ailes, une pour les parents, et l’autre pour les enfants et des domestiques.

Bâtie pour la famille de 9 et le personnel qui va avec, ils n’ont pas lésiné sur la place. Le grand salon qui sépare la bâtisse en 2 a vue sur le jardin domaine.

Quand je suis rentré par la porte centrale, la rareté des meubles (un choix conscient de l’architecte) et les voix des visiteurs qui résonnent dans le long hall d’entrée m’ont tout de suite donné une vibe d’inconfort, comme si je rentrais dans une demeure non pas conçue pour le confort de ses habitants, mais pour afficher leur classe sociale.

J’imagine M. Cavrois en personnage arrogant, venir m’accueillir en smoking, et me guider à travers sa demeure d’une main paternaliste dans mon dos. C’est magnifique, c’est moderne, c’est grandiose. Mais c’est tout sauf cozy.

Pour vivre ici, il me faudrait jouer un personnage qui se tient droit en regardant à travers sa baie vitrée son bassin décoratif de 72 mètres de long une pipe ou un cigare au bec. Il réfléchirait aux comptes de ses usines. A l’arrière plan, sa femme et ses domestiques gèrent la maison et l’éducation des enfants. Il est fier de leur apporter une demeure gigantesque aux briques de parement jaunes sur mesure et au coin feu en marbre jaune de Sienne.

Evidemment, cantonnés à leur aile, les filles et les fils de l’industriel ne sont pas logés à la même enseigne. Quand les garçons ont une salle de bain privative et un accès direct au jardin et à la piscine, les filles, à l’étage, doivent se contenter d’une salle je jeux et d’étude.

Tout ce petit monde évolue dans un parc gigantesque, avec allées géométriques, et des plantes sélectionnées par l’architecte pour complimenter le domaine.

La cuisine, apparemment célèbre, est monocromatique, et suit la pensée hygiéniste. Tout y est moderne, les meubles en acier, les rangements en tôle émaillée, le sol en damier.

Au robinet, eau chaude, eau froide, et eau traitée pour ne pas laisser de traces de calcaires sur la vaisselle.

Au sous-sol, les installations de chauffage, les panneaux électriques. On trouve même un gigansteque sèche-linge !

Le musée de la Piscine

Un musée “d’art et d’industrie” installé dans les locaux d’une ancienne piscine municipale de Roubaix.

Scuplpures, tableaux, et mannequins vêtus trônent autour du bassin, dans les cabines, et dans tout le reste du bâtiment.

Catalogue d'échantillons de rubans 1936

Un cute jardin, avec des plantes tinctoriales bien sûr.

Le retour

Ce soir, je dîne d’un poulet tandoori dans un naan au fromage, tout en admirant l’hôtel de ville. Demain, c’est le dernier épisode de cette aventure.