Ce matin, grasse matinée. Je me réveille comme une fleur, prêt à aller visiter les 3 musées qui m’ont fait de l’oeil cette semaine :
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“Une usine devenue musée, qui raconte l’aventure textile au son des machines”
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Un musée d’art et d’industrie installé dans une ancienne Piscine municipale
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Une demeure moderniste des années 30
Le musée de la Manufacture en particulier m’a fasciné (sans aucune surprise de la part du lectorat). Pour vous préserver et facilité la digestion de mon blog, je scinde donc cette journée en 2 (deux !) articles distincts, d’abord à propos du musée de tissage, puis les autres.
Le Musée de la Manufacture
On entre dans une ancienne usine de tissage devenue musée, dans laquelle sont exposés des métiers à tisser de toutes époques, en état de fonctionnement.
La visite guidée commence par quelques explications sur les fibres et leur provenance. On enchaîne vite sur un parcours, allant de métier à métier, avec une démonstration (presque) à chaque machine.
Navette volante
Une invention qui a révolutionné la vitesse de fabrication du tissu, c’est la “navette volante”. Au lieu d’être passée à travers les fils à la main, des leviers la projettent, et elle fait ses fameux allers-retours beaucoup plus rapidement. Pour résister aux chocs à chaque changement de direction (et la rendre turbo-badass au passage), elle est renforcée d’acier aux extrémités.
Un coup sec du bras permet de l’envoyer balader, laissant derrière elle une trainée de fil. Ce système plus rapide, demande quand même du perfectionnement dans le type de métier : ref. fig. suivante.
D’abord mues par le coup sec du bras du tisserand.e, ce système sera ensuite mécanisé avec l’avènement de la machine à vapeur. Un inconvénient apparaît alors : comme il arrive que la navette sorte du métier en cours de route (à haute vitesse), il vaut mieux de pas se trouver sur son passage… On rajoute alors des grillages métalliques de part et d’autre de la machine pour protéger les pauvres enfants qui en sont à leur douzième heure de travail de la journée.
Mécanique Jacquard
La prochaine amélioration, c’est la possibilité de dessiner des motifs à même le tissu, en croisant les fils de manière à faire apparaître ou pas des fils de différentes couleurs.
Pour ça, il nous faut un métier dit “Jacquard”, de l’inventeur qui lui a prêté son nom. Chaque fil de chaîne est relié à un mécanisme, qui se trouve au-dessus de la machine. Les métiers Jacquard ont donc cette apparence typique, une nappe de fils verticaux en plein milieu.
Remarquez les centaines de fils verticaux du mécanisme jacquard.
Je suis comme un enfant devant les démonstrations en live : regardez ici la navette, et les centaines de fils du mécanisme jacquard :
Métier à velours
Le velours c’est du tissu duveteux dont dépassent plein de poils.
Pour en fabriquer, c’est très simple : d’abord, faire un peu de place dans son salon :
Ensuite, on tisse deux tissus reliées entre eux par des fils lâches, puis on sépare les deux tissus en les coupant.
Guides de fil en verre
J’ai remarqué sur plusieurs machines un détail dont je n’avais pas entendu parler : pour éviter que les fils des métiers s’usent et cassent, ils cheminaient par des passages en verre !
Logique, le verre c’est super lisse et ça ne s’use pas vite…
On observe donc des parties en verre délicat sur les machines énormes :
Les courées
Depuis la révolution industrielle, il existe à Roubaix un type d’habitation pour les ouvriers et leurs familles : les courées.
Ces rues en cul de sac, étroites, sont bordées de petites maisons et forment une “cour” au milieu. Les loyers y étaient plus abordables, mais la qualité des logements très mauvaise. Elles favorisaient les épidémies et les conflits de voisinage.
Bien qu’elles en soient distinctes, on pourrait les comparer aux corons des villes minières. Elles appartenaient cependant à des propriétaires indépendants, contrairement aux corons qui étaient la propriété de l’entreprise.
Cette illustration me marque particulièrement, puisqu’elle me fait penser à la rue dans laquelle j’ai crêché pendant la semaine :
Un peu de ressemblance, quand même…
Le soir, après mes cours de tissage, des mères de familles faisaient jouer leurs enfants dans la “cour”, profitant du faible trafic automobile. Leurs discussions et les cris des enfants créent une ambiance chaleureuse à travers mon Velux ouvert.
Donc est-ce que j’ai dormi dans une courée ? Si j’en juge l’état du logement, ça se pourrait bien.
Les maisons de courée étaient également connues pour leur mauvaise isolation, leur humidité et d’une manière générale leur insalubrité.
Quelques photos du quartier prises avec mon appreil photo nul :